Il m’a attrapé si vite…

Il m’a attrapé si vite que je n’ai pas pu m’en sortir. Pas eu le temps de réagir. Il referme la porte d’une main et de l’autre me saisit à la gorge. Dans la précipitation, j’aperçois Élena. Elle est là, debout dans l’encadrement de la porte du couloir. Elle nous regarde. Je réussis à lui crier : « Va-t’en ! Retourne dans ta chambre ! » Juste avant de manquer d’oxygène.

Mes pieds ne touchent plus le sol. Marcel me tient à bout de bras, contre le mur, les doigts de sa main droite serrés sur ma gorge. Il me tape la tête contre la porte. Il crie, il hurle : « Je ne veux plus de toi, dégage, sors de là ! »
Je ne perds pas vraiment conscience, mais je suis dans un état second. Je me dis à ce moment précis que je vais mourir. Je me revois alors, petite fille, courant pieds nus sur une plage de sable fin… Je ne touche plus terre, j’ai mal à la tête… Tellement mal. Il finit par me lâcher. Je reste dans les vapes. Je ne comprends plus rien. J’ignore ce qu’il se passe, ce qui m’arrive.
Pourquoi se met-il dans cet état ? Pourquoi une telle violence ? Il ouvre à nouveau la porte et me jette dehors. Comme un sac sur le gravier. Il me met un coup de pied dans le ventre, il hurle, et hurle encore. Il y a un cimetière en face de la maison. Des ouvriers qui travaillent là l’interpellent.

– Hé monsieur, faut se calmer là. Tapez pas la dame comme ça !

Il les insulte. La porte de la maison est restée ouverte. Je me retrouve par terre, les genoux écorchés, les cheveux en vrac, la vision troublée. Il me vide mon sac à main sur la tête. Je me sens mal, complètement sonnée, écœurée. Le manque d’oxygène, les coups, le choc. Ce n’est pas terminé. Il m’attrape par le haut de mes vêtements au niveau du cou et me traîne littéralement sur le sol. Me jette dans ma voiture, côté conducteur. Ma tête heurte l’encadrement de la portière.
Il crie encore et toujours : « Dégage ! » Me balance les clefs de la R 5 et claque la portière. Donne de grands coups de pied dans la carrosserie… « Dégage ! Dégage ! »
Je tremble des pieds à la tête, je mets un bon moment avant de réussir à glisser la clef dans le contact. Je démarre enfin. Déboussolée, secouée de spasmes, j’accroche le portail au passage et cabosse la voiture. Je roule. Roule sans savoir comment. J’ai conscience que je conduis dix kilomètres plus loin quand j’entends une voix dans la voiture.

« Maman, j’ai emmené le chat parce que j’avais peur que papa il le tue… »